COALITION TARSIENNE

 

Les coalitions tarsiennes résultent d’une fusion anormale entre deux os tarsiens au minimum et sont une cause fréquente de douleur ou raideur du pied ou de la cheville. Elles sont diagnostiquées dans la majorité des cas pendant l’adolescence ou chez l’adulte jeune. Il existe plusieurs types de coalition, les plus fréquentes sont les coalitions calcanéonaviculaires et talocalcanéennes. Elles peuvent être complètes avec un pont osseux unissant les deux os : ce sont des synostoses ou être incomplètes par l’intermédiaire d’un pont fibreux ou cartilagineux : ce sont respectivement des synfibroses ou des syndesmoses.

 

Coalition calcanéonaviculaire

C’est le type le plus fréquent de coalition.

La radiographie conventionnelle peut être suffisante à elle seule pour établir le diagnostic avec certitude. Trois clichés centrés sur le pied doivent être réalisés : incidences antéro-postérieure, oblique médiale à 45° et latérale. Plusieurs signes doivent être recherchés :

  • dans le cas d’une synostose, il faut rechercher la présence d’une fusion complète entre le rostre calcanéen et l’os naviculaire (pont osseux avec les corticales et tissu spongieux commun) (1),
  • dans le cas d’une forme incomplète, il existe un rapport étroit entre le processus antérieur du calcanéus et l’os naviculaire semblable à une pseudarthrose avec des berges irrégulières et condensées (Fig. 1). Sur le cliché de profil, une hypoplasie de la tête du talus peut être observée ainsi qu’un aspect trop long du processus antérieur du calcanéus appelé aussi « nez de fourmilier » (2).

 

Fig. 1 Exemple de coalition calcanéo-naviculaire bilatérale chez une patiente de 15 ans. Sur les radiographies standard : fusion incomplète semblable à une pseudarthrose avec des berges irrégulières et condensées entre le rostre calcanéen et l’os naviculaire.

 

 

Coalition talocalcanéenne

Elles sont souvent douloureuses.

La forme la plus fréquente est celle impliquant l’articulation sous-talienne antérieure.

L’articulation sous-talienne est constituée de trois facettes : antérieure, moyenne et postérieure dont l’orientation peut empêcher de poser le diagnostic de coalition sur les simples clichés standard. Ils sont à réaliser en première intention mais le diagnostic de certitude nécessite le plus souvent la réalisation en complément d’une imagerie en coupes.

 

Plusieurs signes radiographiques sont à rechercher :

  • le signe du croissant ou « C sign »: opacité dense curviligne, s’étendant du versant postérieur du talus au sustentaculum tali, visible dans les coalitions complètes et incomplètes,
  • des anomalies talonaviculaires : col talien court, ostéophytose talonaviculaire dorsale (bec talien),
  • un aspect de pseudarthrose de la malléole médiale.

 

Le scanner est l’examen de référence pour confirmer le diagnostic, préciser la topographie de l’ankylose et sa nature osseuse ou fibrocartilagineuse (3). Les reconstructions coronales sont essentielles :

  • dans le cas des coalitions complètes, l’os spongieux des deux os est en continuité réalisant un pont osseux mieux toléré que dans les formes incomplètes,
  • dans le cas des coalitions incomplètes, il existe une solution de continuité irrégulière bordée d’une bande de sclérose réalisant un aspect de pseudarthrose (4).

 

  

Fig. 2 Patient de 25 ans présentant une douleur bilatérale de cheville évoluant depuis plusieurs mois. Radiographies standard bilatérales retrouvant le signe du « croissant » sous-talien: opacité dense curviligne, en forme de C, associé à un col talien court. Le scanner confirme le diagnostic de coalition talo-calcanéenne incomplète avec solution de continuité irrégulière bordée d’une bande de sclérose réalisant un aspect de pseudarthrose.

 

 

Le diagnostic de coalition peut parfois être posé lors de la réalisation d’un examen IRM, l’analyse dans trois plans est nécessaire avec des séquences pondérées en T1, T2 ES et une séquence avec saturation de la graisse permettant la recherche d’anomalies de signal de la moëlle osseuse.

 

Il existe d’autres formes de coalition, plus rares : calcanéocuboïdiennes (Fig. 3), talonaviculaires, cuboïdonaviculaires, cunéonaviculaires et cunéométatarsiennes.

 

  

Fig. 3 Exemple de coalition calcanéo-cuboïdienne sur la radiographie standard et en tomodensitométrie : absence d’interligne entre le calcanéus et le cuboïde.

 

 

(1) Lysack JT, Fenton PV. Variations in calcaneonavicular morphology demonstrated with radiography. Radiology. 2004 Feb;230(2):493-7. PubMed PMID: 14668427.

(2) Chapman VM. The anteater nose sign. Radiology. 2007 Nov;245(2):604-5. PubMed PMID: 17940313.

(3) Wechsler RJ, Karasick D, Schweitzer ME. Computed tomography of talocalcaneal coalition: imaging techniques. Skeletal radiology. 1992;21(6):353-8. PubMed PMID: 1523429.

(4) Newman JS, Newberg AH. Congenital tarsal coalition: multimodality evaluation with emphasis on CT and MR imaging. Radiographics : a review publication of the Radiological Society of North America, Inc. 2000 Mar-Apr;20(2):321-32; quiz 526-7, 32. PubMed PMID: 10715334.

 

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