Indications
La duodénopancréatectomie céphalique (DPC) est indiquée pour les tumeurs de la tête du pancréas, du carrefour bilio-duodéno-pancréatique (bas cholédoque, papille ou duodénum), en cas de DKPA (dystrophie kystique duodénal sur pancréas aberrant) et pour certaines complications de la pancréatite chronique peu accessibles à la dérivation (pseudokystes hémorragiques, infectés ou multiples) (1). Elle reste la résection pancréatique la plus fréquente.
Les tumeurs du pancréas peuvent se développer sur le pancréas exocrine ou endocrine. L'adénocarcinome (pancréas exocrine) prédomine fortement puisqu'il représente 75 à 92% de l'ensemble des tumeurs pancréatiques.
Description de la technique opératoire (1, 2)
- Ce que l'on enlève La technique usuelle consiste en une pancréatectomie droite avec section de l'isthme pancréatique en avant de l'axe mésentérico-portal et résection gastrique distale, du pylore, du duodénum et de l'angle duodéno-jéjunal ainsi que de la partie basse de la voie biliaire principale.
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Photo : Vésicule biliaire, pancréas, duodénum, jéjunum proximal et graisse épiploïque.
- Rétablissement de la continuité
- Il existe, à côté de cette technique classique, plusieurs variantes techniques
- Une anastomose suplémentaire au pied de l'anse montée peut se voir : Il s'agit d'une anse en oméga
- Protocole : Le scanner est la technique de référence pour l'exploration du pancréas opéré.
- Analyse : Explorer les 3 anastomoses successives
- Variantes de la normale et images-pièges (3)
Complications post opératoires précoces (1, 3, 4, 5)
- Fistule pancréatique (10-15%) (6)
Elle survient souvent à la fin de la première semaine post-opératoire (1). Dans 75% des cas, elle se traduit par une collection riche en amylase s'extériorisant par le drainage opératoire. Le diagnostic est donc fait cliniquement.
Le scanner met alors en évidence une collection hypodense liquidienne ou hétérogène, surtout en cas de surinfection ou d'hémorragie associée. L'infection de cette fistule s'observe dans 50% des cas. Les principales complications de cette collection sont l'abcédation, la péritonite ou l'hémorragie gravissime par érosion vasculaire (par exemple, artère hépatique gauche ou artère gastro-duodénale). Elles engagent le pronostic vital dans 10 à 20 % des cas.
Le taux de fistules est peu influencé par le type d'anastomose pancréatique. Par contre, l'absence de pancréatite chronique sur le pancréas restant est un facteur prédisposant aux fistules pancréatico-jéjunales. Un pancréas normal expose à un risque plus important de fistule qu'un pancréas de pancréatite chronique (20 à 25% des cas contre 5 à 10% des cas). Certains auteurs préconisent de réaliser un scanner systématique à J7 post opératoire chez les patients au parenchyme pancréatiques sain, sans fibrose anatomopathologique (plus à risque de fistule) même asymptomatiques pour détecter d'éventuelles collections péri-anastomotiques (1). La sensibilité est de 63%, la spécificité de 83% (4).
Les autres fistules anastomotiques : fistule hépatico-jéjunale (1 à 5%) et gastro-jéjunale (3%) sont moins fréquentes.
- Pancréatite aigüe (2 à 3%)
Elle est également plus fréquente chez les patients au parenchyme pancrétique sain (absence d'antécédent de pancréatite chronique). Son diagnostic scanographique après DPC n'est pas facile. L'infiltration de la graisse péri pancrétique ou les collections liquidennes intrapéritonéales à elles seules ne permettent pas de poser le diagnostic puisque ces images peuvent se voir de façon physiologique après une DPC. Cependant, la prédominance des signes inflammatoires et des collections liquidiennes au contact du pancréas restant et dans l'espace para rénal antérieur gauche est fortement évocateur de pancréatite aigüe. Il faut donc rechercher des signes de nécrose du parenchyme pancréatique restant.
- Troubles de la vidange gastrique
Des vomissements post prandiaux surviennent chez 10% des patients ayant bénéficié d'une résection gastrique distale et 20% des anastomoses antro-pyloriques. L'imagerie a pour but de vérifier l'absence d'obstacle organique sur l'anse jéjunale efférente et surtout l'absence d'anomalie para-gastrique.
- Complications ischémiques
Ces complications ischémiques intéressent le territoire du tronc coeliaque et/ou de l'artère mésentérique supérieure.
Elles surviennent si une sténose initiale a été méconnue sur l'un de ces deux vaisseaux (exemple : thrombose ou ligament arqué).
L'ischémie est alors le résultat de l'interruption de la suppléance empruntant les arcades duodénopancréatiques artérielles.
Il faut TOUJOURS explorer les modalités de la vascularisation coeliaque en période pré opératoire. Elles sont rares mais gravissimes.
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Ascite d'appartion précoce
Elle est facilement rattachée à une dissection lymphatique opératoire. Par contre, s'il existe un intervalle libre entre la chirurgie et l'apparition d'ascite, l'hypothèse de la récidive tumorale est la plus plausible.
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Complications hémorragiques (7)
Une hémorragie intra-péritonéale survient dans 4 à 16 % des cas. Elle est soit précoce (24 à 72 H après l'intervention) et alors liée à un problème technique, soit retardée et liée dans 75% à 90% des cas à une fistule anastomotique de l'anastomose pancréatico-jéjunale qui entraîne souvent un pseudo-anévrysme artériel.
Une hémorragie intra-digestive peut survenir : Elle est souvent secondaire à une fistule anastomotique. Un méleana ou une rectorragie peut apparaître.
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Syndrome occlusif
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Références bibliographiques
(1) Zins M, Loriau J, Boulay-Coletta I, Julles M, Petit E, Sauvanet A. Postoperative imaging of the pancreas and duodenum. J Radiol. 2009 Jul-Aug;90(7-8 Pt 2):918-36. Review. French. PubMed PMID: 19752831.
(2) Comprendre l’imagerie post opératoire d’une duodéno-pancréatectomie céphalique, Neveu E, poster électronique SFR 2009
(3) Scialpi M, Scaglione M, Volterrani L, Lupattelli L, Ragozzino A, Romano S, Rotondo A. Imaging evaluation of post pancreatic surgery. Eur J Radiol. 2005 Mar;53(3):417-24. Review. PubMed PMID: 15741015.
(4) Bruno O, Brancatelli G, Sauvanet A, Vullierme MP, Barrau V, Vilgrain V. Utility of CT in the diagnosis of pancreatic fistula after pancreaticoduodenectomy in patients with soft pancreas. AJR Am J Roentgenol. 2009 Sep;193(3):W175-80. PubMed PMID: 19696255.
(5) Sandrasegaran K, Maglinte DD, Howard TJ, Lappas JC. Surgery for chronic pancreatitis: cross-sectional imaging of postoperative anatomy and complications. AJR Am J Roentgenol. 2005 Apr;184(4):1118-27. Review. PubMed PMID: 15788582.
(6) Hashimoto M, Koga M, Ishiyama K, Watarai J, Shibata S, Sato T, Yamamoto Y. CT features of pancreatic fistula after pancreaticoduodenectomy. AJR Am J Roentgenol. 2007 Apr;188(4):W323-7. PubMed PMID: 17376998.
(7) Puppala S, Patel J, McPherson S, Nicholson A, Kessel D. Hemorrhagic complications after Whipple surgery: imaging and radiologic intervention. AJR Am J Roentgenol. 2011 Jan;196(1):192-7. Review. PubMed PMID: 21178067.
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